Pour tout public
Le Crépuscule de la Cruauté est un montage de textes puisés dans l’oeuvre d’Antonin Artaud et fondé sur des improvisations tendant à rendre concrète la pensée humaine et théâtrale du génie.
«… Je n’ai jamais rien étudié, mai j’ai tout vécu. »
« Il me faudrait qu’un seul mot parfois, un simple petit mot sans importance, pour être grand, pour parler sur le ton des prophètes, un mot-témoin, un mot précis, un mot subtil, un mot bien macéré dans mes moelles, sorti de moi, qui se tiendrait à l’extrême bout de mon être, et qui, pour tout le monde, ne serait rien. »
Antonin Artaud
D’après la vie et l’oeuvre d’Antonin Artaud.
Avec Ilios Chailly
Mise en mouvements de Stéphanie Fumex
Spectacle joué de 2005 à 2008.
Festival d’Avignon
Festival International de rue d’Aurillac
Théâtre Bec Fin – Paris
Théo Théâtre – Paris
Critiques
Jean-Yves Bertrand – Revue Spectacle
Antonin Artaud, obsédé par / exécrant le chiffre 4 (et ses multiples), évoquant sa grand-mère, sa femme, les lettres de refus de publier sa poésie, déporté / enfermé par les docteurs (sans lesquels il n’y aurait pas de malades), soutenu par de rares amis (comme Arthur Adamov et Jacques Prevel), se dédoublant (à l’aide d’une marionnette), défendant son Théâtre de la Cruauté au Théâtre Alfred Jarry, un temps apaisé au Mexique: toutes ces facettes du poète, Ilios Chailly les incarne à la perfection, que l’on vient à se demander si Antonin n’avait pas raison quand il disait… qu’il ne mourrait jamais !
P.W. – La Provence
Un gros coffre en bois comme un cercueil se trouve au cœur de la scène, d’où un être vêtu de noir sort de sa mort avec ses cris tranchants. Il est si chaleureux, et sa passion du partage nous incite à explorer le puits profond de ses pensées et de ses imaginations, d’où jaillirent les sources de sa création toute en quête de poésie, de vérités secrètes.
Son enfance à Marseille, son vécu littéraire et théâtral à Paris, son voyage au Mexique, en Irlande, ainsi que son enfermement cruel dans les asiles psychiatriques, il ressemble à un jeune homme vivant qui nous raconte cette vie entière de façon infatigable…
Voilà une croisière de la découverte inoubliable, de l’univers intime d’Antonin Artaud. Nous y passons des moments intenses et bouleversants. Très fort. Merci !
MARIE-JOSE PRADEZ – LA THEATROTHEQUE
Cris, vociférations, fulgurances, écritures protéiformes, extrême intelligence à vif. C’est ce pari fou d’accéder à la justesse de cela que s’est donnée La Compagnie des Fruits Défendus, Ilios Chailly, dans le rôle d’Artaud et Stéphaine Fumex, pour la mise en mouvement. Réussite bouleversante, Frédéric Basilio, directeur du Théâtre Pandora a eu beaucoup d’intuition et de conscience des spectacles de qualité en offrant sa salle à ces deux jeunes artistes aussi sympathiques que profonds. Un espace scénique pleinement adapté à cette cérémonie de la douleur où tout le parcours d’Artaud est évoqué par un montage de textes intelligemment choisis et raccordés.
Pour jouer de telle manière, Ilios Chailly connaît intimement cette œuvre sans jamais tomber dans un intellectualisme sclérosant, un exotisme vulgaire, une récupération idéologique émolliente. Ilios Chailly joue tout : une très importante présence physique, un sens tragique des plus aigus, une très grande variété dans les émotions, une aisance à se déplacer, toujours en relation avec le texte. Ce comédien ne récite pas, il fait vibrer la salle, la met sous tension, en se rapprochant des tensions d’Artaud lui-même qu’il ne singe jamais. Le tout est servi par un espace pictural et une lumière rappelant la grande peinture espagnole. Ilios Chailly et Stéphanie Fumex introduisent dans la mise en scène, sans l’alourdir dans son rythme, quelques accessoires pertinemment intégrés, efficaces et en place dans la mise en scène, dont une marionnette étonnante dont l’acteur se sert avec naturel, sans infantilisme. Puissamment aimanté par un texte d’une force exemplaire, le public est concentré sur l’action et l’interprétation de ce comédien très vigoureux dont la liberté du corps se déjoue d’un répertoire de gestes limités, trop systématiques, forcés ou stéréotypées. Face à cette protestation vitale, anarchique et cohérente, à cette puissance de résistance contre les pouvoirs, l’attention est palpable. Le public reste un instant muet d’émotion quand le noir de fin tombe sur le plateau. Cette pièce vaut cent fois le détour. Ne la manquez ni à Paris ni au Festival d’Avignon où elle se produit. Spectacle à voir absolument !